C'est arrivé prêt de chez vous!

La vraie vie de nos châteaux

Un lecteur m'a écrit dans le adre du courrier des lecteurs mais bon c'était bien plus qu'une lettre, c'était même pas un appel au secour, ni une question...bref au départ 55 lignes, après 33 lignes...

Citation :

Banquet mémorable à Frapotel (de notre envoyé spécial).

Cela devait être un somptueux petit déjeuner, avec invitations sur papier glacé envoyées par les grands chefs de l'alliance (gloire leur soit rendue). Tout les soldats disponibles pouvaient venir manger des croissants et des brioches chez Semilly lundi matin, en attendant l'arrivée de l'ignoble Yassin, qu'il faudrait ensuite combattre.

Les instructions des chefs (gloire leur soit rendue) étaient fermes : rendez-vous lundi à 8h30.

Un long débat s'instaura ensuite sur le menu du petit déjeuner : certains suivaient des régimes particuliers, d'autres devaient respecter des interdits religieux (en particulier concernant les produits à base d'ours). Semilly s'engagea à faire goûter à tous la spécialité locale, la panse de brebis farcie.

Personne n'en avait encore mangé. C'est pour cela que les chevaliers arrivèrent (s'ils avaient su…). Embrumés par les vapeurs de la taverne, quelques membres de l'alliance se trompèrent de jour, ou d'heure, ou des deux, et arrivèrent dès dimanche midi : Hatshepsout (gloire lui soit rendue), Sursaut, Primula, Fafnyr, Lord Lovell, Pilou14. Les hommes de Semilly abrégèrent aussitôt leur weekend chez Maine afin de pouvoir les recevoir dignement.

Un déjeuner fut improvisé : scarabées grillés pour les momies, et barbecue pour les autres. Semilly se demandait s'il aurait assez de nourriture pour tout le monde, puis se rassura en pensant qu'on pourrait toujours manger les chevaux. Il n'osait penser à des tranches de pastèque. Les indispensables tonneaux de bière belge (la meilleure ! la bière allemande étant boycottée pour des raisons obscures) furent sortis de la cave, sous l'œil soucieux de Semilly, qui se demandait si l'alcool ne réduirait pas les capacités de combat des participants.

L'après-midi fut calme, Yassin invisible, et de nouveaux invités arrivaient progressivement. Tous étaient étonnés de se retrouver déjà en aussi grand nombre : on pouvait voir les hommes de Baba81, légèrement éméchés, ceux de Spifik, armés jusqu'au dent, ceux de Primula, qui arrivaient en petits groupes dans des uniformes aux couleurs chatoyantes, ceux de Volghiaa, aux canines inquiétantes, ceux de La Pastèque, tout en rondeur, de Crichou, qui tenaient à rester sur leurs chevaux (craignaient-ils qu'on les mange ?), de Darskel, moins nombreux mais très bruyants.

Sale journée pour les brebis, dont les cuisiniers de Frapotel firent un grand massacre (à défaut d'ennemi plus armé). Les cuisines étaient en surchauffe, et les ingrédients de la fameuse recette de la panse de brebis farcie étaient activement mélangés (graisse de raton-laveur, ailes de chauve-souris confites, gras double, gras triple, margarine renforcée, saindoux ramolli sur les cuisses des rouleuses de cigare de Cuba). Pour les estomacs délicats (il y en avait quelques-uns dans cette population de soudards), la fameuse recette des cubes de Kubor immortalisée par la Gazette des Fidelis fut suivie à la lettre.

Mais déjà une inquiétude montait : et si Yassin ne venait pas ? Et si tout cela se terminait par une vulgaire indigestion ? La tombée de la nuit chassa ces mauvaises pensées et tout le monde s'attabla devant ce plat mémorable (à tous points de vue) qu'est la panse de brebis farcie.

C'est à ce moment qu'un double événement se produisit : les troupes au regard bleu acier de Groumfette arrivèrent, leurs puissants chevaux écumants, et la vigie du château lança un hurlement : Yassin en vue !!!!!

Tout le monde se leva d'un bond, renversant l'immense table du banquet. Semilly hurla : "ma panse de brebis !". Les marmites fumantes gisaient sur le sol, le liquide graisseux entrant lentement dans la terre. Les soldats ignorèrent ce cri de détresse et se précipitèrent sur leurs armes, heureux d'échapper au plat et pleins d'excitation à l'idée du combat.

Un messager partit immédiatement pour informer les grands chefs (gloire leur soit rendue) qui plissèrent le front d'un air soucieux. Toute cette bière, toutes ces brebis, était-ce trop ? N'était-ce pas assez ? Et puis un combat de nuit... On avait bien des vers luisants et du viagra, mais cela suffirait-il ?

Yassin surgit au début de la nuit, rapide, violent, haineux et cupide. Le choc fut d'une violence inouïe.
Les chevaux de Yassin dérapèrent dans la graisse répandue au sol et tombèrent à terre. Les nôtres se précipitèrent et taillèrent en pièce les templiers ainsi tombés. Les sauvages de Yassin se précipitèrent en hurlant des cris de guerre. Une volée de flèches les accueillit. Nos écuyer, soutenus par les croisés et les lourds chevaux de Groumfette, se ruèrent sur eux. Le choc fut sanglant, les faits d'armes innombrables, nos soldats se montrèrent héroïques.
Après quelques heures d'un combat sans merci, les rares ennemis restés vivants commencèrent à s'enfuir. Nos vaillants éclaireurs se précipitèrent et, au péril de leur vie, achevèrent les derniers combattants de Yassin. Pas un n'en réchappa. La victoire était totale. Fidélis avait vaincu !!!!
Le bilan fut éloquent, et traduit la fureur du combat : 466 ennemis vaincus, 132 des nôtres tombés au champ d'honneur.

La voix de Semilly perça la nuit :
Mais c'est pas tout, ça, il faut finir la panse de brebis. Eh oui, il en reste quelques marmites.

Sémilly